Quand Aya Cissoko était jeune, sa mère, Massiré Dansira, ne cessait de lui répéter : « Tu n'es pas l'enfant de rien ni de personne ! ».
Devenue mère à son tour, l'autrice entend ici rappeler à sa propre fille ses origines ; son enfant est en effet issue d'une double lignée à l'histoire violente et douloureuse, celle de guerriers bambaras du Mali qui ont affronté la colonisation, et de juifs ashkénazes déportés à Auschwitz. Comment calmer les brûlures de ces destins mêlés ? Il faut continuer à parler, dénoncer, lutter, ne pas cacher les difficultés de la condition noire, regarder en face les vexations subies par une mère vaillante dans un pays hostile. Il faut continuer à se battre et à interroger les hiérarchies sociales, montrer comment racisme et mépris de classe se mêlent dans une logique perverse. Parce qu'elle a compris que l'ascension sociale, si elle éloigne de la pauvreté, ne protège pas des préjugés, Aya Cissoko ne veut oublier ni les siens, ni d'où elle vient. Elle sait maintenant transformer en mots puissants et éruptifs, dans une ultime tentative de conciliation, une colère qui jaillit des tréfonds de son enfance.
En proposant à un auteur de nous confier une déclaration d'amour pour "son" sport, nous tenons ici la promesse de belles pages. Fortes. Sincères. Uniques. Mais si on y ajoute le travail d'un historien de l'image de sport, parfait connaisseur des fonds et des agences spécialisées, on est à peu près certain de fabriquer quelque chose d'unique. Pour couronner le tout, un très grand film (Nous avons gagné ce soir de Robert Wise) viendra animer cet éloge à ce magnifique sport qu'est la boxe.
« Ba » veut dire mère en bambara. « N'Ba » signifie « ma mère ». N'Ba est l'hommage d'une fille, Aya Cissoko, à sa mère, née dans un petit village malien et qui débarque en France au milieu des années 70, habillée d'un simple boubou en wax, et chaussée de tongs en plastique.
Le livre s'ouvre sur la mort de cette mère, que l'auteur fait revivre en fouillant dans ses propres souvenirs. C'est l'occasion pour le lecteur de plonger dans la culture de l'Afrique de l'Ouest où les femmes sont les piliers de la famille, en charge de l'éducation des enfants, gardienne des traditions et de leurs transmissions, gardiennes de la langue aussi, qui rythme ce texte.
N'Ba est ainsi le regard croisé de deux femmes : la mère, qui se bat pour la préservation de son identité malgré une vie qui n'est qu'une succession d'épreuves ; sa fille, qui tente de se construire en rupture avec ce qui a fait sa mère. Deux femmes que leur destin rapproche et sépare à la fois.
6 autrices, 6 voix de la diversité, réunies par l'association Diveka et Rageot.
Voici mon identité ! Elle était gommée, bafouée ou méprisée. On m'avait rendu.e invisible, inaudible. Ma voix éclate ici. À votre tour, faites-entendre la vôtre pour que les diversités jaillissent !
La vie d'Aya Cissoko bascule à tout jamais en 1986 : elle perd sa petite soeur et son père dans un incident criminel. Puis c'est au tour de son petit frère de perdre la vie l'année d'après. Alors que sa mère subit greffes et complications postopératoires, la jeune Aya trouve refuge dans la boxe. Elle y prend goût et excelle dans cette discipline. Les victoires et les sacres s'enchaînent jusqu'à l'ultime blessure. Pour cette fille d'émigrés maliens, la boxe est une renaissance.