Comme il est complexe de trouver sa place lorsqu'on est une jeune fille, que l'on grandit dans une famille plus que traditionnelle et que manger en quantité est considéré comme une valeur cardinale de la vie en commun.
Dans ce roman graphique partiellement autobiographique, Regina Hofer s'empare de la délicate question des troubles alimentaires en suivant le combat d'une jeune femme pour s'imposer contre l'image qu'elle a d'elle-même et contre celle que lui renvoie son entourage. Un combat qui passe avant tout par la maîtrise d'un corps qui semble lui échapper lorsque se manifestent les premiers signes de la puberté. Ce témoignage de premier ordre rend compte de la glaçante mécanique qui s'ensuit, entre solitude, déni et incompréhension, avant qu'une lente reconstruction puisse s'opérer.
Un témoignage historique saisissant qui livre un regard de l'intérieur rare sur l'engagement nazi dans le 2e guerre mondiale. En 2004, Leopold Maurer a en effet pu interroger son grand-père qui s'est ouvertement livré à lui sur son engagement volontaire dans la Wafen SS, l'enthousiasme du début, son implication dans différents crimes de guerre et un soutien à cette idéologie qui ne l'a jamais quitté, même des décennies après la défaite allemande. Servi par un graphisme puissant, qui alterne entre réalisme et allégorie, cet ouvrage souligne avec puissance l'entremêlement de l'intime et de la banalité du mal.